Suite à la mise à terre des trois enfants, le reste m'encercla proprement une nouvelle fois, mais ils étaient bien plus nombreux à former le cercle et ils se répartissaient en petits groupe afin d'éviter les attaques éclairs que je venais de mener.
C'était étrange, la stratégie qu'ils menaient me paraissait bien élaborée pour leur jeune age...
Mettant ca dans un coin de mon cerveau, je désolidarisa un bloc rond sous mes pieds et me placa en position d'attaque: une jambe replié, l'autre en extension devant moi, ma lame horizontale et ma main face à mes adversaires.
Je les attendais de pied ferme, et je ne comptais pas me laisser faire!
Ils se ruèrent sur moi, le regard avide de bataille, et je ne bougea pas d'un pouce. J'attendis, j'attendis, jusqu'à l'ultime moment ou mon épée était assez longue pour les toucher, je fis tourner ma plaque d'un seul coup, donnant un grand coup d'épée horizontal vers la droite, lacérant toute les chairs à portée ainsi que les couteaux et autres armes blanches qu'ils portaient.
Ils furent tous désarmés et désemparés devant ma contre attaque, et on aurait dit que certains avaient perdus conscience lorsque j'avais blessé tout le monde...
Une théorie était en train de s'échaffauder dans mon esprit retors... Une théorie qui me paraissait foutrement juste, mais qui faisait entrer un mage...
Il falait que j'en ai le coeur net.
Je pris par le col deux jeunes dans un coin tranquille et m'éclipsa rapidement, puis je tira deux couteaux de ma ceinture et planta ces deux couteaux dans les genoux des enfants.
Des cris résonnèrent sur le lieu de la bataille...
J'avais donc raison? Quelqu'un me tendait donc un piège, j'en étais maintenant sûr à 100%!
Je devais absolument découvir où il se cachait, mais il me fallait tout d'abord comprendre comme ces enfants étaient controlés...
Laissant pour compte les deux enfants estropiés, je retournais sur le terrain afin de voir si j'avais bien fait mon boulot. Grosse erreur de ma part: trois autres enfants en pleine forme me sautèrent dessus de nulle part et m'empêchèrent de redégainer... J'étais mal...
Après une double clé de bras, deux coups dans l'estomac et une bonne droite dans la mâchoire, ils me plaquèrent au mur et le gamin en face de moi se décida à parler:
Enfant, d'une voix grave et résonnante: ainsi tu m'as piégé. Je ne te laisserais repartir de cette place vivant, jeune mage noir. Mon commerce roule très bien et ta guilde empiète dessus. Tu vas donc prendre le rôle du tribut! Moi, du mal à parler à cause du coup dans la mâchoire: dis moi, monsieur le trafiquant... Enfant: te dire quoi? moi: où je te dépose les cadavres? Héhéhé... Je sortis deux stalagmites du mur de derrière qui traversèrent la tête des enfants: aucun d'eux ne lâcha prise et du chocolat m'éclaboussa: maintenant je savais ce qu'il me restait à faire. J'utilisa des boulets de pierre pour faire reculer celui devant moi, et m'extirpa d'un coup sec de la poigne de mes bourreaux avant de dégainer et les couper littéralement en deux. J'en fit de même avec celui face à moi qui venait de se relever, et c'est là que les choses se gâtèrent sérieusement pour moi: tous les enfants estropiés et mis à terre se relevaient péniblement pour me combattre.
Pour leur échapper, je traversa le mur d'un bâtiment et me cache dans un creux pratiqué au sol. Ils ne réussirent pas à me repérer, par chance, mais je commençais à fatiguer, et j'étais toujours en pyjama... Il fallait que j'en finisse vite.
Je savais où se trouvait la patisserie du maitre chocolatier du coin, et je m'empressa d'y aller, ne croisant que deux ou trois enfants sur ma route que je découpa habilement. Lorsque j'y rentra, j'y trouva une mini armée d'enfants chocolat et un homme dans le fond, assis sur un dromadaire en chocolat... Étrange, comme goût de monture...
Je dégaina, les enfants se mirent en position d'attaque. Le chocolatier leva le bras, me regarda droit dans les yeux et l'abattit. Une vingtaine de soldats de chocolats se ruèrent sur moi, m'engloutissant. Prenant de cours toute action dangereuse pour moi, je fis s'effondrer le toit du batiment en sortant d'un salto arrière gracieux, puis je recula pendant que le batiment déborda de chocolat.
Cette technique m'avait coûté beaucoup de magie, et je craignais de ne pas en réchapper vivant... Lorsque le chocolatier se forma devant moi. Une statue de chocolat émergea depuis les décombres, et il fallait que je finisse tout cela maintenant.
Avant qu'il ne puisse riposter, je me jeta sur lui et découpa sa tête, qui se reforma aussitôt. Un nouveau saut, nouvel échec. Il ne me restait plus qu'une chose à faire: les hauts fourneaux. Ils se situaient tout près d'ici, en contrebas de la ville, et constituaient ma seule chance de finir vivant. Afin de descendre rapidement, je pris la première chose qui me tomba sous la main: une luge en bois...
Bah, au point où j'en étais...
Je monta dessus et utilisa ma magie pour glisser dans la pente rocheuse qu'ils appelaient rue. Une vague de chocolat me poursuivait, et elle se rapprochait vraiment vite: je n'aurais pas le temps d'atteindre les fourneaux!
Pour gagner du temps, je lança une poussée afin de me propulser plus vite, et en lança une autre, puis une autre... Ma vision se troublait, les couleurs se mélangeaient... J'arrêtais mes poussées en espérant que tout cela serait suffisant. Jetant un coup d'oeil derrière moi, je vis la vague loin derrière moi: j'étais dans les temps. C'était maintenant où jamais!
Les fourneaux, en bas de la rue, se trouvaient ouverts, mais il fallait que je passe au dessus du chaudron gigantesque si je voulais survivre. Il me fallait un dernier coup de poker: ca passe ou ca casse!
Dépassant la dernière maison, les fourneaux se trouvaient à moins de 100 mètres, et la vague se rapprochait dangereusement à nouveau.
Je me préparais à sauter, plantant mon sabre dans ma luge qui commençait à se désagréger. Travail artisanale de m....
Je dépassa la porte du grand hangar, la vague à quelques mètres de mes pieds. Le chaudron se trouvait à 10 misérables mètres... Voyant un pan de ma luge partir, je pria...
Et je sauta. Une dernière poussée vers le haut et un saut depuis mon frêle esquif me firent divaguer, mais les réflexes me sauvèrent in extremis: je m'accrocha à la rambarde de l'autre côté de cette immense puis en fusion, pendant que des litres et des litres de chocolat se déversaient à l'intérieur, s'évaporant quasi instantanément. Un travailleur vint m'aider à revenir sur la terre ferme, et je lui tomba dans les bras d'épuisement. J'avais tout consommé.
Dans un élan de volonté, je montra mon insigne de guilde à l'homme qui ordonna aux autres d'aller chercher quelqu'un de la guilde. D'un oeil morne et sans énergie, je trouva mon épée, tâtonna jusqu'à elle. Il me la donna.
Un bout de bois était resté sur la lame. Un peu de chocolat également.
Ce fût ma dernière image avant de sombrer dans un sommeil réparateur.
Mon réveil se fit deux jours plus tard, dans mon lit, car ma magie se régénérait assez lentement. J'étais heureux d'être en vie, mon sabre sur le côté du lit, ce qu'il restait de ma luge sur ma table de chevet.
Bon, il est quelle heure? Faudrait peut être que je me lève, là, il se fait tard...