Voilà quelques temps déjà que je m'étais intégré, assez facilement je dois dire, à la fameuse guilde de Fairy Tail. Je n'étais pas encore très sur de bien comprendre les liens qui les unissaient tous mais les voir heureux et complices était un joyeux spectacle. Dire que je me sentais revivre au contact de cette équipe pour le moins surprenante aurait été un peu trop fort cependant. Mais le voile de sang qui obscurcissait ma vision depuis plus de dix ans, semblait diminuer et il m'arrivait même par moment de distinguer les sentiments plus ou moins humain des personnes qui m'entouraient. Les temps difficiles semblaient être derrière moi, en matière de survie tout du moins. Evidemment, il fallait mériter l'argent des missions de bas-niveaux que j'exerçais en ce moment. Je ne me plaignais pas de cet état de fait, je venais d'arrivé et je n'avais encore ni gagné la confiance de mes camarades, ni exprimé ma volonté de détruire la Blood Legacy. Je préférais garder pour moi ses informations où l'on me prendrait pour un fou. Ce qui était sans doute un peu vrai, mais à ma place, qui ne le serait pas? J'avais enterré ma seconde mère il y avait moins d'une semaine. J'étais désormais seul, entièrement et irrémédiablement. Pourtant, je ne me sentais pas particulièrement angoissé à l'idée d'avancer désormais à tâtons dans ce monde noir.

Je marche tranquillement jusqu'au tableau des missions, je ne suis pas vraiment pressé, après tout la petite feuille qui m'attend ne risque pas de s'envoler. M'approchant d'avantage de l'affichage, je saisis le feuillet à mon nom, et j'en lis la description. Je ne peux m'empêcher de souffler, un peu désespéré à l'idée d'effectuer une mission de ce genre. sans compter que je ne pense pas être le candidat idéal pour mettre l'ambiance où que ce soit. Et encore moins avec des enfants. Quoique si je pouvais les assommer encore, mais je n'étais pas bien sur que le chef de famille soit d'accord que je fasse voir trente-six chandelles à ses gosses. Je pourrais toujours le lui demander poliment si les choses s'envenimaient. Je sors de la guilde, tout aussi peu pressé qu'à l'aller, sans compter que ma détermination frôle maintenant le zéro absolu. Je me rends à l'adresse indiquée, ne quittant pas les nuages de tous le trajet. J'aime le nuages et leur lente révolution dans le ciel, ils m'apaisent. Encore plus que je ne le suis déjà. La bâtisse en question semble excessivement grande, d'imposants poteaux marquent l'entrée de la propriété. Une propriété en plein centre ville, certaines personnes ne se refusaient décidemment rien. Je trouvais cela presque à la limite de l'indécence. Mes pas me portèrent bientôt jusqu'à la fameuse porte, très travaillée, je pouvais distinguer les armoiries de la ville. Je toque à la porte et je fus tout de même assez soulagé de constaté qu'un morceau de dorure n'était pas tombé à la suite de mon geste, je ne sais pas avec quel argent j'aurais payé la réparation, mais ça n'aurait sans doute pas été le mien. Le patriarche m'ouvre finalement la porte, je m'étais presque attendu à ce qu'un employé le fasse à sa place. L'homme en question, d'une quarantaine d'années, possède tout de même quelques rides, celles-ci étant mises en valeur par un grande barbe blanche. Il arborais un visage sévère, il n'avait pas l'air particulièrement patient, le fait qu'il fasse appelle à un mage pour s'occuper de ses enfants m'étonna donc un peu moins.

- "Les enfants sont dans le salon, ils fêtent l'anniversaire de mon fils." M'indique me politicien d'une voix bourrue. Pourtant le fait qu'il remarque immédiatement que je suis un mage de Fairy Tail me laisse dubitatif, sans doute à t-il reconnu le tatouage sur mon épaule visible.

Je le suit alors qu'il rentre de nouveau dans le manoir. Mes chaussures épousent immédiatement le tapis, sans doute excessivement cher, qui semble recouvrir l'ensemble de la surface au sol. Les murs sont encombrés de tableaux en tout genre, si certains représentent clairement des membres de la famille, d'autres sont en revanche beaucoup plus abstraits. Partout, des étagères encombrées de livres ou d'autres instruments diverses dont l'utilité me parait discutable. Mais déjà, mes oreilles se retrouvent agressés par des cris, venant, si j'en crois mon instinct, du salon. Je grimace. Le politicien semble repérer mon rictus et me lance un regard condescendant. Il comprends mon ennui, c'est déjà ça. L'homme grisonnant me montre ensuite de la main la direction approximative du salon avant de m'expliquer que je devais "ramener l'ordre". Merci de la mission, vraiment. Je pénètre le salon, et c'est une véritable scène de bataille qui m'attend. Les six mômes semblent s'être scindés en deux groupes représentant chacun une guilde. Voir la guilde Fairy Tail affronter la Blood Legacy me fit presque sourire. Je ne pus cependant retenir un petit sourire heureux alors que je vis l'un des Blood Legacy prendre une tongue en pleine tête. Il fallait savoir se satisfaire de petits plaisirs parfois.  Alerté par le bruit, les enfants me regardèrent d'abord farouchement, en constatant qu'un adulte venait interrompre leur bataille épique. Mais ils ouvrirent de grands yeux et arrivèrent à peine à me balbutier un "Bonjour Monsieur", alors qu'il venaient de voir le tatouage de ma guilde. La mission allait être finalement plus facile que prévu je songe en voyant les yeux pleins d'étoiles des gnomes.

- "Comment vous-allez les jeunes?" Je lance dans un enthousiasme feint. J'avais déjà vu des adultes parler de la sorte, je ne pensais pas être trop en dehors des clous.

Ils me répondirent par monosyllabes encore trop impressionnés.  Et ce fut bientôt une avalanche de question qui déferla sur ma pauvre personne. Toutes en rapport avec ma guilde évidemment. Je préférais ne pas leur signaler que je n'y étais que depuis peu, de peur de voir ma toute nouvelle côte de popularité sombrer à nouveau. Je leur répondais tranquillement, les minutes puis les heures passaient. J'étais assis sur une chaise et les six gosses étaient assis maladroitement sur le tapis. Ils buvaient littéralement mes paroles, comme un professeur et ses élèves. J'eus même droit à une part de gâteau. Elle n'était pas si terrible que ça cette mission, et puis, le gâteau était bon. Dix-huit heures sonna enfin, et les parents vinrent chercher leurs enfants tout à tour. Les adieux furent déchirant, de leur côté du moins. J'étais tout de même un peu perplexe face à cet étalage de tant de bons sentiments. Le politique revient finalement dans le salon, il me reconduit jusqu'à la porte en me remerciant durant le trajet du calme que j'ai pu apporter dans sa maison. Je ne peux lui rétorquer qu'un "Ce n'est que mon devoir". Et le tour était joué.